La banque Zébu solidaire


Bien que Tananomby veuille dire en malgache « lieu où il y a beaucoup de zébus » le cheptel de ce village était plutôt pauvre en zébus. Une dizaine tout au plus. Deux charrettes, deux ou trois traîneaux.

Sollicitée par un paysan pour l’aider à acquérir un zébu, une de nos bénévoles eut l’idée de collecter une somme auprès de ses amis pour créer les fonds d’un micro-crédit afin de permettre l’accession à la propriété d’un zébu à ceux qui le désiraient.

La somme récoltée ne permettant que l’achat de deux zébus, les premiers candidats ont été tirés au sort. Le cumul des remboursements permit au fil du temps d’acheter trois, puis quatre, puis cinq zébus, etc.
Sans intérêt*, remboursable en douze mois, ce prêt n’a au début pas remporté un gros succès. Seuls pouvaient y souscrire les plus « fortunés ». Les autres étaient trop pauvres. Les conditions de remboursement ont été rallongées à vingt quatre mois. Malgré cela, certains n’ont pas pu honorer leurs engagements et ont dû rendre l’animal à l’association qui l’a aussitôt attribué au suivant sur la liste.

Une vingtaine de zébus ont pu ainsi être acquis.

A ce jour, il n’y a plus de candidats à la propriété en capacité de pouvoir rembourser. De plus il n’est pas certain que les ressources fourragères soient suffisantes pour nourrir un cheptel plus important.

Sur les sommes remboursées, au final l’association V.I.Ta. va acheter deux zébus pour son usage. La fonction première de ces deux animaux étant de fournir du fumier pour les cultures. Ensuite ils serviront à la propagation de l’usage de charrettes à pneus tirées par une seule bête.

Bien qu’une loi ait été votée, il y a quelques années, pour faire disparaître les charrettes à roues ferrées destructrices de chemins non empierrés, au profit de roues à pneumatiques beaucoup plus adaptées, cette loi n’a été suivie d’aucun effet. Pourtant il ne semble pas que la fabrication de roues à pneus soit beaucoup plus chère.

Par ailleurs, l’usage d’une charrette tirée par un seul zébu est presque inconnu à Madagascar. On en voit quelquefois en ville, jamais à la campagne. Pourtant, le dressage d’une paire de zébus à la traction d’un véhicule semble poser un gros problème à tous les charretiers croisés.

Nous étudions à l’heure actuelle la possibilité d’utiliser le capital issu du remboursement du micro-crédit Zébu Solidaire pour lancer une opération micro-crédit Charrette Solidaire.

* en fait le seul intérêt demandé aux bénéficiaires du micro-crédit zébu solidaire consiste en la livraison chaque semaine d’une « soubika » (panier) de fumier au jardin potager.